A « L’assaut des cieux » au Varia – Cie Claudio Bernardo

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Cette année As Palavras, Cie Claudio Bernardo fête ses 20 années d’existence avec la reprise de deux spectacles phares : L’assaut des cieux, créé en 2009, particulièrement plébiscité par le public et la presse, couronné par le Prix de la Critique du Meilleur Spectacle de Danse saison 2009-2010 et une Première bruxelloise du solo Só20 créé en novembre 2013 lors de la Biennale Internationale de Charleroi Danses. 

 


Au croisement des chemins des sciences, des philosophies et du sacré, les cieux fascinent, questionnent, inspirent, font rêver et nous invitent à une permanente quête d’élévation et une inexorable ascension. De tout temps, l’homme n’a eu de cesse de vouloir les comprendre, d’anticiper leurs mouvements pour s’en attirer la clémence avec une vaine volonté de les maîtriser. 
« L’Assaut des Cieux » est une parabole sur la condition humaine, sa morosité et son désenchantement incarnée par six interprètes et une chanteuse, un spectacle lyrique qui mêle danse, chant, théâtre et cirque. En quête d’absolu ces 6 personnages vont avec audace et bravoure apprendre à dépasser leurs peurs et leurs limites, forgeant leur destin, sans à aucun moment se résigner. Leur quête semble belle, voire presque poétique. Est-il en effet plus noble cause que celle-là.


Rythmés par l'aube, le zénith, le crépuscule, la nuit, ces hommes se meuvent, leurs corps sous influence, expression de leurs humeurs, leurs couleurs, leurs sensualités, du dérisoire de leur entreprise qui ne peut mener qu'au désenchantement.



Review :

Deux parties se font suite dans ce spectacle.

Tout commence simplement : deux personnages entrent sur scène et d’emblée, on est surpris, on essaye de comprendre. Ces deux –là parlent le langage des oiseaux, sont vêtus tels des hommes volants d’un roman à la Jules Vernes. Le dialogue insolite s’installe, les coquilles se brisent. Face à eux un mat qui s’élance vers les cintres comme un arbre. Ils le regardent et se lancent avec dextérité et une apparente facilité à son ascension. On ne comprend pas tout de suite ce qu’ils veulent nous dire, on est séduit par leurs mouvements, on craint qu’ils ne chutent et on se prend à rêver quelque peu. Ces deux-là sont de véritables circassiens. C’est beau, lyrique sublimé par la musique puissante d’Yves De Mey.





Et puis les voilà rejoints pour un groupe de jeunes mecs presque mâles en jeans t-shirt, toujours un peu ados, ayant encore les jeux de l’enfance. Qui sont-ils ? Où sont-ils couchés ainsi sur ces matelas ? Spectacle insolite que ces jeux de mecs un peu machos, ces affrontements de gosses, ces plaisanteries de dortoir.

Dans ce petit chaos comique, une voix s'élève, celle d'Elise Gäbele interprétant Haendel et Purcell. La soprano semble amusée par leurs enfantillages. Et presque de manière impalpable, du désordre nait l'ordre quand ceux-ci se lancent dans de superbes envolées dansées, à la recherche d'un improbable décollage. 





La deuxième partie se veut plus intime et bascule dans l’intériorité.
Elle est le passage, celui où questionnant la mort, on finit par lui dire oui, à s’enterrer avant le vol final. Les plaisanteries et l’énergie du début font place à la gravité d’un départ que finalement tout le monde connaitra un jour.
J’ai été très sensible au solo de Vincent Clavagera, un moment simplement beau et nuancé. Et puis il y a la scène où on y voit cette bande de potes se prenant au jeu des selfies. L’un d’eux quitte le cadre, la photo se poursuit sans lui. Dans quelques mouvements une personne ne sera plus là et sur scène un ultime départ se joue en un final sobre, digne et lumineux. Tout simplement magnifique.







Avec « L’assaut des cieux » Claudio Bernardo (Re) partage avec nous un spectacle sensible construit de tout ce qui nous accroche à la vie : poésie, humour, moments légers et instants graves. Tous ces moments sont servis et incarnés par un team de danseurs et d’acrobates talentueux. C’est l’histoire d’un rêve obstiné de survie où l’homme se mue en héro qui tente le tout pour le tout, le récit d’un vertige qui nous met face à nous-mêmes, face à nos histoires, face à notre vie.
Crédits
Compagnie As Palavras – Chorégraphie de Claudio Bernardo / Avec : Steven Berg,Vincent Clavaguera, Diogo Dolabelle, Benoit Finaut, Ricardo Paz, Ondrej Vidlar / MUSIQUE ORIGINALE : Yves de Mey, Ensemble musique Nouvelle / MUSIQUE : Georg Friedrich Haendel, Henry Purcell, Jim Morrison / CHANT ET CONSEIL MUSICAL : Elise Gäbele / SCENOGRAPHIE: Vincent Lemaire / ASSISTANAT A LA SCENOGRAPHIE: Aline Breucker / DISPOSITIF EN TEMPS REEL: Armando Menicacci / CONCEPTION LUMIERE: Marco Forcella / IMAGE : Jarbas Oliveira / DIRECTION TECHNIQUE: Michel Delvigne / COSTUME: Agnès Dubois / ASSISTANAT A LA CHOREGRAPHIE: Adva Zakai /REGIE PLATEAU : Mohamadou Niane / REGIE SON : Laurent Gueuning / REGIE LUMIERE : Eric Vanden Dunghen / PRODUCTION, ADMINISTRATION : Nathalie Kamoun / DIFFUSION : Léonore Guy / CONCEPT ET CHOREGRAPHIE: Claudio Bernardo.


Il reste peut-être encore des places pour les représentations au Théâtre Varia qui se clôturent ce samedi 11 octobre 2014.

Infos :

Site web du Théâtre Varia
La compagnie As Palavras - Claudio Bernardo
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